Des fiscalistes témoignent de l’empressement de nombreux clients pour régulariser leurs gains en cryptoactifs. Mais de jeunes investisseurs sont plus rétifs.
Pluie de crypto-régularisations en vue. Beaucoup de Belges possédant des cryptoactifs ont hâte de les régulariser dans le cadre de la nouvelle déclaration libératoire unique (DLU) qui vient de démarrer, selon les témoignages de plusieurs avocats fiscalistes. Cet empressement est dû à l’obligation qu’auront les plateformes de cryptoactifs de communiquer des informations aux autorités à partir de 2026.
De plus, un projet de loi en préparation impose la notification des comptes de cryptoactifs au Point de contact central (PCC) tenu par la Banque nationale. La fin de l’anonymat qui se profile pour les investisseurs belges en cryptoactifs provoque un afflux de demandes de régularisation dans les cabinets d’avocats.
Les avocats fiscalistes s’attendent à un surcroît de travail dans ce domaine. « Les procédures de régularisation représentent 80% de nos dossiers impliquant des cryptoactifs », explique Baptistin Alaime, avocat associé chez Tuerlinckx Tax Lawyers. « Il y a vraiment une grosse demande. » « Plusieurs investisseurs en cryptos se demandent aujourd’hui s’ils ne régulariseraient pas leurs revenus imposables issus de cryptoactifs, craignant que le fisc ne vienne les taxer », confirme Denis-Emmanuel Philippe, avocat associé chez Bloom Law.
Pas les plus jeunes
Une autre raison pousse ces contribuables repentants à chercher l’absolution: en application de la législation anti-blanchiment, les banques refusent l’argent issu de gains en cryptoactifs. « Nos clients se disent qu’il faut être honnête, sans quoi ils se retrouveront bloqués: ils ne pourront rien faire avec l’argent s’ils ne le régularisent pas », confie Me Alaime.
Mais tous les investisseurs en cryptos ne passeront pas par la case régularisation. « Les plus jeunes générations, principalement de moins de 40 ans, qui sont de plus en plus investies en cryptos, ne se posent pas la question de la régularisation », signale Emmanuel Degrève, associé fondateur du cabinet d’experts-comptables Deg & Partners. « Ils s’inquiètent davantage de l’impact qu’aura leur première déclaration de plus-values sur cryptoactifs, alors que leurs activités du passé ont été peu ou mal déclarées, sans doute parce qu’ils présumaient agir sous le régime de la gestion normale d’un patrimoine privé. »
Certains pourraient aussi être rebutés par la lourde pénalité appliquée en cas de régularisation. « Si l’on veut régulariser ses gains issus de cryptoactifs, il faut payer l’impôt normalement dû, soit 33%, majoré d’un prélèvement de 30 points, soit 63% au total », prévient Denis-Emmanuel Philippe.
Journaliste Philippe Galloy
